Les fusils d’assaut font progressivement leur entrée dans les polices cantonales suisses

(1 minute 30 de lecture – le féminin est compris dans le texte)

Je pense aussi que leur mise à disposition est une réponse raisonnable, justifiée et proportionnée. Cet apport technique n’induit aucune facilité mais représente plutôt une exigence. Voici pourquoi : un tel fusil est une arme d’assaut, donc, à priori, ne concerne pas les polices dans le cours de leurs activités. Pourtant, les menaces terroristes obligent ces mêmes polices à proportionner leurs ripostes. L’arme de poing ou la mitraillette sont efficaces mais uniquement à courte distance. Dans l’éventualité d’une attaque terroriste, le champ défensif ou de neutralisation retient les agents à longue distance des malfaiteurs (100 à 400 mètres). Le cas échéant, l’utilisation d’un fusil d’assaut s’avère salutaire.

L’introduction de ces fusils, sous strictes conditions – lire les précautions du Commandant cantonal bernois Stefan Blättler et de l’Officier vaudois Jean-Christophe Sauterel dans La Liberté du 1er décembre 2016 –, suscite de nombreux débats dans les Corps de polices. Et, c’est tant mieux. D’aucuns s’en réjouissent alors que d’autres craignent une inclinaison de la profession civile vers son plus mauvais penchant militaire. Les récalcitrants veulent éviter une course au suréquipement qui entraverait la mobilité des agents mais également leurs décisions.

Éviter les confusions et les dérives

C’est précisément à ce point de juxtaposition « police – militaire » que se joue ou se déjoue une confusion capitale. Confusion qui est source de nombreuses dérives provoquées par plusieurs polices locales Étatsuniennes, notamment.

Nous devons rester vigilants. Certains policiers se couchent volontiers dans le fossé de la logique guerrière. Bien évidemment, ils n’ont que peu d’idées de ce que la guerre dévaste; ignorant même qu’une telle dégradation mutilerait leurs facultés et radierait leur légitimité de l’échiquier sécuritaire civil pour faire place aux militaires. Ce serait l’aveu d’une cuisante défaite pour les gardiens de la paix et nous tous.

Heureusement, à ce jour, il n’en est rien. Nous ne sommes pas en guerre et nos policiers préservent – très bien – la paix publique et le bien commun. Raisons pour lesquelles le fusil d’assaut ne doit en aucun cas entraver le statut et l’image d’une police régie par les valeurs fondamentales et universelles résumées dans le respect de la présomption d’innocence, le respect de l’intégrité physique, morale et psychique de tout un chacun, quelque soit son statut (légal ou non), dans le respect de la sphère privée et enfin, dans l’établissement d’un solide dossier d’enquête et l’amenée étayée au procès équitable.