La police … en elle-même… perdrait-elle ses facultés ?

La police semble ne plus être “police” lorsqu’il s’agit d’elle-même ?

(2 minutes de lecture – 107ème post)

La police, ce contrat social de protection et de service, où l’on peux se rendre en tout temps et qu’on sollicite pour y déposer plaintes et inquiétudes, soupçons ou désaveux… ne sait-elle plus s’y prendre, ni rien faire, lorsqu’il s’agit de dénoncer ou de secourir ses propres membres ?

Ce sont autant de questions qui m’interpellent, toute comparaison requise, à l’étude des procédures et des résolutions en projet ou à l’œuvre dans plusieurs domaines professionnels, sportifs ou artistiques – lire mon précédent blog du 3 novembre 2020 – .

Les personnes victimes de divers harcèlements semblent aussi nombreuses en police qu’ailleurs. C’est ce que l’on en déduit à l’écoute des témoignages recueillis et retransmis par voie de médiation interne, de justice ou de presse.

Néanmoins, les sociologues s’accordent sur le constat qu’il est plus difficile en police de remettre en question les pratiques dites de sous-culture* ; biais implicites qui défient les valeurs mêmes de l’État employeur. En effet, en police, plusieurs facteurs spécifiques figent les capacités de résistance et de dénonciation.

Deux facteurs principaux

  1. Les révélations de nos policières et policiers ont peine à émerger. Certaines formations initiales sont comparables à des formes d’intronisations, desquelles on ne s’émancipe pas facilement. L’introspection n’est généralement pas admise en police. Dans plusieurs corporations, les remises en question des us et coutumes s’apparentent encore et toujours à une faiblesse, pire… à une trahison, qui portent préjudice aux qualifications dont dépend l’avancement gradué autant que salarial.

  2. Les pouvoirs exceptionnels et exclusifs (notamment celui de coercition : usage de la force, privation momentanée de liberté et exercice de la contrainte) conférés aux policières et policiers provoquent un trouble de conscience, appelé dilemme éthique, lorsqu’il s’agit de les utiliser à l’encontre de ses pairs, membres de sa propre “famille”, détenteurs eux aussi des mêmes pouvoirs. La confrontation s’annonce alors périlleuse et destructrice en terme de cohabitation professionnelle. C’est pourquoi il existe des processus de résolution éthique, tels qu’enseignés mais peu, voire pas du tout, appliqués.

Aucune étude scientifique

Nous ne disposons d’aucun chiffre, d’aucune statistique ou proportion permettant d’appréhender l’ampleur des discriminations en cours au sein de nos corporations de police, à ma connaissance, car aucune enquête ni analyse indépendantes n’ont été commandées à ce jour. Incroyable ! S’agissant du service de l’État le plus emblématique, le plus puissant dans ses prérogatives interventionnistes et le plus indiqué pour établir les faits.

Le bon exemple fribourgeois

Des pistes de résolution se dessinent pourtant.

La police cantonale fribourgeoise a reçu, le mercredi 3 février 2021, de la part de son Grand Conseil le mandat de répertorier les agressions dont sont victimes les membres des communautés LGBTI. Une première en Suisse romande sous-titrait la RTS !

Un poste de préposé à ces questions sera créé au sein de ladite police. Gageons que le spécialiste puisse ouvrir ses yeux et ses oreilles au sein de sa propre corporation.

Fribourg toujours, bilan encourageant pour la plateforme de lutte contre les discriminations et le harcèlement. La Police cantonale a instauré ce mécanisme de lutte contre les discriminations et le harcèlement en coopération avec le Ministère public et deux associations.

 

Compléments

Enquête Le Temps : Harcèlement sexuel, une omerta policière

Sujet RTS du 29 janvier 2021 – un ex-assistant de sécurité publique témoigne

Interview au journal radio de 9h. RTS – La Première du 30 janvier 2021

 

*Un autre sujet en soi, fort bien documenté quant à lui, et qui démontre qu’au sein d’organisations aussi rigides, hiérarchisées et disciplinées que sont les polices, les tentations de construire un régime parallèle, une sorte de para-organisation clandestine, à l’abri du regard officiel, sont fortes. C’est ce que les sociologues appellent “la sous-culture policière”.

Cette sous-culture est aussi présente dans les organisations de secours d’urgence.