Urgence climatique et police, suite.
Les petites histoires font les grandes.
2ème partie, intitulée “une anecdote”, sur 3.
Ce 116ème post s’inscrit à la suite du post 112ème publié le 23 août 2021 *.
(2 minutes de lecture)
L’effet collatéral
Je rentre chez moi et découvre que mon allée est obstruée par un véhicule. De chaque côté de cette voiture banalisée, dont je reconnais immédiatement la vocation policière, deux personnes, une femme et un homme, me fixent des yeux et s’approchent.
« Bonjour Monsieur, êtes-vous le propriétaire des lieux ? »
J’acquiesce.
« Nous nous sommes garés chez vous dans l’intention d’installer un radar, juste-là, en bordure de route. Est-ce que vous nous autorisez ? Pour quelques temps ? »
J’hésite. Le doute m’envahit. D’une part, il est incontestablement nécessaire de sanctionner les excès de vitesse sur ce tronçon. Je le connais trop bien. Et aucun autre espace ne permet de stationner un radar. Mais, d’autre part, je ne voudrais pas apparaître aux yeux du voisinage comme le commanditaire d’une telle mission de police…
Mes convictions de service public finissent par l’emporter. J’accepte pour une durée limitée d’une heure.
« Merci Monsieur. Bien entendu, nous remettrons tout en place, ne vous inquiétez pas, vous retrouverez votre terrain intact.»
Soit.
Le temps s’écoulant, j’en profite pour consulter la loi sur la circulation routière tout en jetant un œil sur la scénette extérieure les quelques fois qu’un flash de lumière me fait sursauter.
La récolte semble plutôt maigre, les deux agents, en civil, discutent et fument leurs cigarettes.
Cigarettes… cigarettes… voilà-t-il pas précisément le dilemme d’actualité que j’ai animé, il y a un mois, en formation continue éthique, avec une délégation de police d’un autre canton ?
Je retrouve mes notes. – Sur le domaine public… suivant les territorialités… voici ce qu’il en coûte de jeter son mégot de cigarette à terre : salissure sur la voie publique = amende de CHF 100.- – au même titre qu’un mouchoir ou qu’un crachat. –
Le dilemme éthique renaît de ses cendres.
Mes réflexions s’entrechoquent. Quelle cohérence appliquer ? D’une frontière d’interprétation à l’autre ? Des infractions condamnées ici ; les mêmes libérées ou non considérées quelques kilomètres plus loin… ? Nos nombreux, trop nombreux faux-fuyants, parfois irresponsables et nos lentes adoptions des mesures de protection de la nature… les conséquences, l’arsenal juridique, les actions de polices, etc.
Soudain, mes sens se réveillent, je me redresse et observe par la fenêtre. Ils sont partis. Je gagne les lieux de l’itinérance policière. De la théorie à la pratique, quelques pas pour découvrir, stupéfait, le long de la plate-bande ainsi que sur la place de parc et l’espace vert voisin… une dizaine de mégots…de cigarettes. L’un fume encore…
Des contraventions routières dans une région, un canton et l’absolution écologique dans l’autre, voisin…
C’était un jour, une anecdote et l’ironie de la petite histoire qui entrave la grande.
*Trois épisodes pour traiter l’urgence climatique en relation à nos polices.
1ère partie : une nécessité, publiée le 23 août 2021.
2ème partie : une anecdote, publiée ce 6 décembre 2021.
3ème partie : une nouvelle police, publication à venir.